La cinquième saison - extrait no. 9 sur 10 - La fin du monde
La fin du monde
Qu'y a-t-il à en dire si ce n'est qu’il apparaît
dressé dans la diagonale d’une toile d’un mètre quatre-vingt de large sur deux
mètres cinquante de haut comme
puissamment détaillé. Selon le peintre, cela représente le terme du monde. Il y
a ambiguïté dans l’image. On joue sur la matière et l’aspect construit du
membre. Les apparentes coulures de rouille et l’usure du temps font vivre le
béton armé, tandis que des graffitis, comme inscrits à la bombe de spray vif, l’enlumine.
Ecrit dessus dans la longueur en lettre de sang: FASCINATION. Aurelius semble
content. À gauche, il a formé en arrondi les lettres du mot : VIE ; à
droite : LIE. Dans les cordages enroulés titubent des personnages comme
réduits à la taille d’insectes et liés entre eux par une chaîne. En arrière-plan,
on voit les brumes qui flottent sur le port. Avec l'échelle, cela donne : A vie
lie.
Aurelius dit :
– Il y
a des panneaux de plexis transparents dans la remise. Avec ce déluge, il faut
protéger l’œuvre. Tu veux bien y aller Manuel ?
– OK !
Je remets les bottes, puis franchis le seuil.
Dehors, Philippe scrute l'horizon. Il me fait observer la tache blanche. Elle a
grossi depuis tout à l'heure et s'est déplacée dans l'axe du pylône.
– Où tu
vas ? interroge Philippe.
– Aurelius
m'a demandé d'aller lui chercher du matériel dans la remise.
– La
dernière fois, le sol était recouvert d'eau. Il devait y en avoir près de
trente centimètres. N'allume pas ! Cela doit être dangereux.
– Merci,
je vais prendre la lampe de poche.
Sommes retournés à l'intérieur ensemble. Val dit
qu'elle n’est pas dans le tiroir. À ma demande, il est monté chercher en haut
la baladeuse. Les autres mettaient en route le repas. L'effluve d'oignons qu’on
blanchit flatte les narines dilatées du fauve au ventre creux qui séjourne en
moi.
* * *
Autour : Guerdan
Relecture: Anne J.
Et si le cycle routinier des saisons disparaissait dans le tourbillon des changements climatiques, que deviendrons-nous ? Manuel Guerdan visite cette hypothèse pas si invraisemblable que cela à travers une nouvelle que nous avons le plaisir de vous proposer au cours de ces prochaines semaines. Vous souvenez-vous des dernières inondations ?
Si vous aimez le style d'écriture de Guerdan, vous pouvez commander le triptyque de poèmes "Les temps parallèles" est sorti en 2017. Il suffit simplement de nous adresser un mail.
Commentaires
Enregistrer un commentaire