Sons d'une ville diluée 4. (fin)






A l’heure où celui qui, dérangé dans son sommeil par le bruit d’une voiture dehors, se rend compte qu’il ne se rendormira pas sans s’être soulagé ;

A l’heure où la plupart des gens ne déploient plus l’activité qui les nourrit, sauf peut-être Jessica qui vient de terminer un client basané alors que Luis rentre chez lui à pieds et qu’elle l’accoste dans l’allée du parc. Lui ne dit pas non, demande du feu et dit qu’il vient de laisser son amie endormie chez ses parents à elle et qu’ils ont baisé toute la soirée. Il lui demande quand même le prix. Il plaisante, à boire, une coupe, une passe, un rail, un joint. Elle dit que s’ils couchent, pour lui ce sera cent. Il répond que si c’était la moitié, il ne dirait pas non. Il n’aime pas marchander. Il le dit. Ils s’entendent à soixante. Ils vont dans sa chambre à elle. Il assure que c’est la première fois qu’il paie. Il veut l’embrasser. Il saisit ses seins, elle commence de le déshabiller, elle s’émeut de voir son corps élancé et sa queue si douce qui s’alourdit dans sa main alerte ;

A l’heure où les caresses s’étiolent, où les lumières artificielles périclitent ;

A l’heure où ceux qui ont peur auront encore plus peur s’ils ne se sont pas endormis avant ;




Fabien veille ce corps. Ils se sont connus à perdre haleine dans les aurores de lendemains inaudibles par delà le bouillonnement d’années friables. Amour dilué dans les liens nouveaux. Il écoute la respiration ternie par la douleur. Il entend les râles s’amenuiser doucement, et encore les soubresauts réfractaires. Il redoute la disparition annoncée par le décharnement, par la pâleur diaphane, et que se figent en lui à jamais les débris d’instants intenses, sachant aussi que le jour est prêt de se lever.





FIN




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