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La cinquième saison - l'extrait no. 3

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      Croyances   Toujours le vent dans les arbres et le pylône impassible. Plus à l'est, le clocheton de la remise peint en rouge et rosâtre à sa base, fend le ciel mouvant. Malgré la pluie, la peinture semble tenir sur le bois. Aujourd'hui, la tempête. Aurelius croit, il a raison. Moi non, j'ai davantage raison. Le temps passe et, pour vivre mieux, faites qu'il passe vite. Le matin on travaille, l'après-midi, on s'efforce de comprendre les oiseaux. Le soir, on s'affole de n'avoir accompli que la moitié de notre tâche. Il faut leur donner à manger. Sinon, ils crient la nuit. Faire, défaire les lieux ou laisser tel quel cet univers irréel qu'Heragt a rêvé un jour de l'autre côté du rideau, derrière les fils barbelés alors qu'un jeune gars sur un mirador jouait à le prendre en mire. Encaisser l’entrée de quelque visiteur en déroute. Aujourd'hui, Philippe ne pourra probablement pas s'en mettre une seule dans la poche. Philip

La cinquième saison - l'extrait no. 2

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    Pluies Philippe est rentré de sa brève randonnée. A travers sa gestuelle encore sublimée par la météo venteuse et les sentiers impraticables se dégage une énergie qu'on ne lui connaît pas. Il prend plaisir à rapporter ce qu'il a vu, les animaux en détresse, les trombes d'eau et les glissements de terrain sur les chemins inondés. Il va chercher le chiffon de velours noir pour essuyer ses lunettes. Au-dessus dans l'encadrement de la trappe, sa tignasse apparaît. D’en haut, il cause sans s'interrompre et le flot des mots tombe sur nos têtes crayeuses. On doit se réjouir de sa bravoure. Il a su contrer les éléments pour sauver ses os. Il dit que le sol est détrempé partout, qu'on ne distingue plus les champs du Kéoma. Il dit que les flamants gisent noyés et qu'il faudra aménager une plate-forme où mettre la paille dans la cabane des oies. Il veut se réchauffer et décide de préparer du thé. L'entente n'est à vrai dire pas aussi mauvaise qu'Her

La cinquième saison - premier extrait

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Entre terre, mer et ciel ; le caravansérail   Il a fallu le hasard pour nous rassembler ici dans ce lieu d'invraisemblance et de marais. Il y a les cages vers l’entrée. Le parc s'étend sur près de trois cent hectares. Derrière le sous-bois, la roseraie frissonnante déploie sa blondeur sur la rive sud d'un lac minuscule. Dans cette zone du domaine nichent les poules d'eau et les grèbes. Les précédents employés ont juste mis en place un chemin de planches. Nous sommes arrivés au Parc des oiseaux en octobre, les deux premiers ensemble, puis moi quelques jours après.   Si nous revenons sur nos pas, une lande, dont les bosquets épars offrent ombrage à quelque lièvre ou tourterelle, est divisée au gré des déraisons de notre chef. Il nous a dit qu’on devait l’appeler Heragt. Plus loin, on accède aux bâtiments de service par diverses voies, mais aussi en barque. Un canal étroit joint les étendues du Nord-Est et l’océan. Les baraquements de l'entrée qui donnent

"Un cadavre en vadrouille" chapitre 20 - l'épilogue

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  EPILOGUE M. Alain Deville se révéla être très, très, coriace. Il nia, nia, nia, et nia encore. A tel point que même son avocat, confronté aux preuves versées au dossier, ne savait plus quoi faire de ce client qui n’écoutait aucun de ses conseils. La paire de baskets, trouvée chez lui lors de la perquisition, avait parlé. Cette paire ultra sophistiquée, tant désirée, digne des meilleurs coureurs d’élite, avec laquelle Alain Deville espérait gagner une multitude de courses. Bien sûr, prétendait-il sans en démordre, que je me suis rendu en visite chez Tom et Estelle avant leur séparation. Mais Sonia, sa femme, confirma naïvement que l’achat était récent. Elle avait même encore la facture car son mari, pointilleux (pour ne pas dire maniaque), voulait que les comptes de la maison soient tenus au centime près. Les clés aussi, parlèrent. L’empreinte du pouce de sa main droite s’y détachait bien nette. Alain Deville soupirait, indigné, comme s’il avait à composer avec des imbéciles

"Un cadavre en vadrouille" chapitre 19

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  Chapitre 19 ¾       Ils sont là, chef. Dans la salle d’attente. ¾       Merci Délia. ¾       On organise une confrontation ? ¾    Non, pas vraiment, techniquement parlant. Il s’agit plutôt d’une petite réunion ‘surprise’. Tu veux y assister ? ¾       Volontiers, chef. ¾     Appelle aussi Stéphane. On commence dans mon bureau. Ensuite on déplacera Alain Deville en salle d’interrogatoire. La large table de conférence du bureau de Ben était au complet. Le visage de Tom Serena était sombre et fermé car la proximité forcée avec son beau-frère l’indisposait tout particulièrement. Il étudiait ainsi chaque détail et défaut du bois clair du meuble. Alain Deville se montrait décontracté et courtois, et son franc regard passait d’un présent à l’autre. ¾       Merci, Messieurs, d’avoir répondu favorablement à notre invitation. J’ai souhaité vous rencontrer car l’enquête a connu des progrès notables que je tiens à partager avec vous. Nous avons dû élucider des événements, ma foi, fort curieux.