"Ils nous ont volé les étoiles" commentaire de lectrice




Nous recevons actuellement des retours passionnés concernant notre dernière parution « Ils nous ont volé les étoiles », de E. W. GAB.


Ce livre suscite moult sujets de réflexion auprès de ses lecteurs.trices. A titre d’exemple, nous vous laissons prendre connaissance du commentaire de lectrice ci-dessous :








Blonay, le 25 novembre 2019


Commentaire de lectrice par Laura Ferilli


Sans jamais utiliser le mot féministe, ce livre l’est pour moi profondément. Il expose des violences et humiliations dont les femmes sont majoritairement les cibles et parfois les victimes. Pourtant, il ne s’agit pas d’opposer naïvement les femmes contre les hommes, de désigner les dominant-e-s et les dominé-e-s. En exposant les faits sans offrir le prêt à penser qui pourrait aller avec, Théodora ne condamne pas des individus, mais décrit des systèmes qui mènent à des situations de souffrance et d’inégalités profondes. Par sa pugnacité et son courage, ce ne sont pas seulement les auteurs qu’elle met face à leurs responsabilités, mais bien la société tout entière. Le droit, les tribunaux et la jurisprudence sont autant de lieux qui traduisent la conscientisation des relations humaines justes et par conséquent, de la société d’elle-même.

Certains récits sont si confortables, l’écriture si fine, les protagonistes si attachant-e-s, les univers décrits si entraînants, que je crains d’en achever la lecture car je suis bien avec eux et que j’anticipe la peine de les quitter. C’était le cas avec La vie mode d’emploi de Georges Perec. Et ça m’a refait le coup tout dernièrement avec Ils nous ont volé les étoiles de E.W. Gab.

Pourtant, comme pour La vie mode d’emploi, j’ai terminé la lecture, formellement du moins. Mais peut-être n’en ai-je pas vraiment fini avec eux. Car l’un comme l’autre continue d’occuper mon esprit et nourrit mes réflexions.

J’aime Théodora, la voix du livre. Profondément honnête, intelligente, réfléchie, généreuse.  Elle est pour moi une véritable héroïne de nos tristes temps. Elle sauve des gens désespérés. Elle leur donne du courage, les écoute, les guide, leur permet de trouver un chemin vers la libération. Pour ce faire, elle implique sans compter tout son être, jusqu’aux limites imposées par sa propre survie, pour des causes justes. Car tout n’est pas relatif. Il y a des combats à mener qui sont intrinsèquement justes et qui finissent, pour le dire simplement, par être reconnus. La fin de chaque mandat, un après l’autre, constitue indéniablement la victoire car Théodora ne lâche rien et ne transige pas jusqu’à l’obtention de ce qui est juste. Même si la victoire se fait parfois attendre longtemps, qu’elle peut être éphémère et souvent douloureusement acquise. Et dans les multiples rencontres que l’avocate fait sur sa route, c’est toujours la part profondément humaine qu’elle voit, la part vulnérable des êtres qui se débattent dans cette vie sans raisons.

Ils nous ont volé les étoiles est un mode d’emploi en réalité. Un manuel d’autodéfense qui ne se déclare pas comme tel mais qui en a toutes les qualités. En prenant l’aspect d’un roman, d’une introspection qui dure toute la journée du 18 juillet 2011, Théodora nous livre des armes pour être nos propres défenseurs et défendresses face aux vicissitudes qui ne manquent jamais d’agrémenter nos vies. Car le harcèlement, le viol, le mobbing, le meurtre, la folie, le pouvoir, la domination, les combines politiques, sont autant de banalités crasses qui jonchent le chemin de nos vies mais dont nous ne sommes pas prévenu-e-s avant qu’elles nous accablent. Pourtant, nous apprenons à nous laver les dents depuis notre plus tendre enfance pour prévenir les caries, pourquoi n’en sommes-nous pas encore à constituer des lignes de prévention depuis l’enfance pour soigner au mieux notre intégrité ?

Théodora, par la voie de sa réflexion introspective offerte dans ce roman, fait œuvre de prévention : son métier d’avocate fait qu’elle en voit de toutes les couleurs et peut, grâce à son expérience, son intelligence et sa générosité, nous livrer comment s’y prendre au mieux et que faire quand de tels malheurs se présentent à nous.

Le titre Ils nous ont volé les étoiles annonce l’entier des dossiers que traitera l’héroïne avocate : ils débutent tous par le constat d’un dol, mais, lésé-e-s, l’ensemble des protagonistes trouvent la force de faire appel à Théodora, qui prend le relais. Leur pouvoir-agir manifesté par cette démarche est déjà une forme d’espoir. A partir du constat, que faisons-nous ? on avance, on se reconstruit, on redonne du sens. Temps ou tant que l’on peut.

Une écriture limpide, droite, profonde et dramatiquement réaliste. Ni optimiste, ni pessimiste, elle ouvre les voix des possibles. Et c’est déjà tellement.




"Ils nous ont volé les étoiles" par E. W. GAB
321 pages, couverture souple, format A5
Impression achevée en août 2019 par Pulsio.net

découvrir le 1er extrait du livre - sans engagement

prix : 24 chf en librairies (Payot et Fnac)
commande possible directement auprès des éditions sauvages 20.- chf (hors frais de port) : editions.sauvages@gmail.com






Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Dix heures 37 minutes; Sur le fil du téléphone, entre Prague et Paris 3.

"Un cadavre en vadrouille" chapitre 1

Sons d'une ville diluée 4. (fin)