Juan Tomates - extrait no. 1
A Gérone, en Espagne, Juan avait tout perdu. Au fil du temps. Son travail, sa maison.
Dérisoires étaient les indemnités chômage, à peine 400 € par mois. Il avait dégoté pour sa famille un logement précaire, une annexe délabrée prêtée par des amis. Ses économies avaient fondu comme neige au soleil. Il hésitait encore à s’adresser aux services sociaux. Du maigre, là aussi.
Catholique certes, mais fervent seulement aux heures du chagrin, il n’avait cessé, tout en s’excusant auprès du ciel pour sa dévotion intéressée, de demander un miracle à Jésus. Constamment, avec obstination. Mais Jésus était demeuré sourd à ses prières. Juan avait d’abord réagi avec colère. Puis était venu le temps des suppliques. Ensuite, celui de la tristesse. Enfin, celui de l’amertume. Désormais, il était juste vidé, perplexe, sidéré. Il ne savait plus quoi dire à sa femme et à ses enfants. Il n’en était pas encore à la soupe populaire, mais il redoutait avec une sourde angoisse cette éventualité. Il suivait les sombres nouvelles venant d’autres pays : les suicides des entrepreneurs, et au moins deux couples de personnes âgées, en Italie ; ce retraité, en Grèce ; cet homme au Texas qui avait tué le policier venu l’informer qu’il allait être expulsé de sa maison.
Ce texte est un extrait de "Juan Tomates par E. W. GAB. Si vous souhaitez découvrir le texte en entier, le livre est disponible sur commande aux editions.sauvages@gmail.com à 10chf (HFP).
40 pages en format A5, impression en 2021
Juan Tomates ou l'homme qui cultivait des légues
Merci pour l'info
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