A corps perdu
Quatre minutes
choc intense
elle, belle
debout, assise
debout
le temps d’un déchainement
sans fin
Les mains blessées
jouent
du fond de son âme
anéantie
tandis que son esprit brûlé
comme libéré survole
les touches, les cordes
Absente, féroce
elle rompt son envolée
ascendante
assise, debout
les pieds qui frappent
les mains qui griffent
elle, partout
Quatre minutes
au bord d’un piano
sur le clavier
meurtrière, victime
déchaînée
giflant la passion
à cran
Magnifique reine
de vengeance et d’oubli
saccagée de l’intérieur
Sa musique déchire
ceux en robe de soirée
en costard cravate
aux aguets
Elle
sapée de nippes
quatre minutes
en totale liberté
d’elle-même et des autres
à caresser les touches
noires, blanches
Frénétique comme ses accords
dissonants
un show
danse éternelle
Schumann sans partition
comme jamais charnelle
concerto
en dérive
dans cette salle ornée
pleine de balcons
et de gens
Quatre minutes vibrante
le temps d’un déchaînement
Virtuose
atteindre la rive
prisonnière
des meurtrissures infligées
par son père
au-delà du décor imparable
d’un concert
à jamais touchante
et violente
de ses poings percutants
les doigts qui vont et virevoltent
à l’orée de la folie
Rythmes scandés
transe
la tête en arrière
cheveux en bataille
martellement des talons
sur le sol ciré
gamme avalée d’un geste
Debout
elle rouvre les yeux
se jette en arrière
transcendée
les mains sur le piano
revient
mélodieuse
Déconcertante
assise, elle se lève
conquérir ce public
bien mis et classique
final haletant
les gouttelettes volent
tout s’arrête
La foule coite abasourdie
le silence 30 secondes
d’abord hallucinée
chaotique, étourdie
elle s’avance sur le devant de la scène
Un premier claquement isolé la porte
puis d’autres mains
Pluie d’applaudissements
elle s’avance encore
ultime révérence
elle a tout donné
celle qui ne plie pas
Ils sont debout
applaudissant
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